Lorsque nous entrons en Allemagne de l'est, le douanier de service a des mots méprisants pour notre immense Peugeot avec seulement deux occupantes: nous symbolisons un capitalisme décadent. Propagande ou envie rentrée ?
L'autoroute qui permet d'accéder à Berlin ouest traverse un paysage plat et triste; lorsque nous stoppons dans un parking, une voiture de police surgie de nulle part nous intime de déguerpir immédiatement; seuls les communistes, sans doute, peuvent faire pipi et pique-niquer sur leur sol.
La ville de Berlin ouest est conforme à l'image d'une ville européenne de cette époque; tout est proprement reconstruit, grandes allées rectilignes, architecture fonctionnelle; l'église du souvenir, seul vestige de la guerre, s'élève à l'extrémité du Ku'dam; juste à côté un centre commercial futuriste; et un peu plus loin, le grand magasin KaDéWé, où l'on trouve de tout, comme au Harrods de Londres.
Les musées sont splendides: le tout nouveau musée d'art moderne, reconstruit le long de la Spree, le musée des Beaux-Arts de Dalhem, le château de Charlottenburg, le musée archéologique et son célèbre buste de Nefertiti. Je découvre l'expressionisme allemand, Kirchner, Kandinsky, Jalewsky, Dix, et c'est le début d'une passion pour ces peintres.
Le Berlin est de cette époque fascine. Il commence à la Porte de Brandebourg, qu'on ne peut approcher, et le mur, couvert de graffiti, s'étend, indécent, coupant la ville en deux. Aux endroits ou le mur est double sont érigés des miradors pour touristes, permettant de surplomber le no man's land et d'apercevoir au loin les tours grises de la ville communiste. Près du Reichstag, un cimetière émouvant des transfuges abattus - tous très jeunes -en essayant de fuir; et au fameux Check Point Charlie, un musée retraçant l'histoire de ce mur de la honte et de toutes les tentatives d'évasion.
Nous décidons de nous joindre à un groupe pour une "excursion"; dûment encadrés par une guide polyglotte énergique, après avoir subi d'inutiles et interminables contrôles, entassés dans un car qui a connu des jours meilleurs, nous voilà à Berlin est. Nous devons subir un commentaire hypocrite, tout à la gloire des Soviétiques et des heureux habitants de cette ville fantôme, faite de béton triste, où les impacts de balle sont encore visibles sur certains immeubles; des quartiers entiers sont en ruine; et la sinistre place qu'on nous présente comme le centre brillant d'une capitale est déserte et les magasins vides; les gens sont habillés comme dans les années cinquante et l'unique voiture est la mythique Trabant.
Trois arrêts sont prévus: le mémorial soviétique de Treptow (monumental et ennuyeux); une pâtisserie où nous sommes invités à dépenser les tickets inclus dans notre "excursion", mais il n'y a pas assez de gateaux pour tout le monde...; et finalement le musée de Pergame, avec ses extraordinaires et gigantesques antiquités. C'est évidemment la seule partie intéressante du programme; cependant on ne peut cacher la négligence dans laquelle est tenu ce musée universellement célèbre - la plupart des salles sont fermées, et ce qu'on peut voir est poussiéreux et mal entretenu.
Le car nous ramène à l'ouest, et après avoir subi un ultime lavage de cerveau par notre guide, nous sommes invités à donner un pourboire en .... bons DM de l'ouest ! Monstrueuse hypocrisie.
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