vendredi 29 février 2008

Etape yougoslave (2)




On roule, on roule, surtout sur les portions à quatre bandes; je voudrais passer la nuit à Kalambaka, en Grèce, dans un camping propre et confortable, mais le destin en a décidé autrement et nous réserve une expérience inoubliable.
Je veux passer la frontière à Bitola (et jeter un coup d'oeil sur les ruines d'Heraklea) mais la route est trop sinueuse et encore une fois le soir tombe et il faut trouver un toit.
Près de Bitola je suis des panneaux qui indiquent un hôtel, pensant le trouver en ville; les indications (en cyrillique, mais il y a un petit dessin) nous emmènent loin dans la montagne - trop tard pour faire demi-tour - et nous parvenons à une sorte de village de vacances à la communiste, dans un site enchanteur, mais complètement délabré. Un préposé très surpris par l'apparition de deux femmes occidentales nous désigne une chambre (elles sont au nombre de quatre à l'intérieur de bungalows tous semblables). Le village semble désert. Nous sommes fatiguées et rêvons d'une douche. Malheureusement pas de douche; pas de bouchon à la baignoire; et l'évier s'écoule directement dans la corbeille à papiers placée à cette intention - ou sur nos pieds ! Toilette selon les moyens du bord, et puis nous partons à la recherche de nourriture. Au centre du village un immense restaurant circulaire...vide; nous sommes les seules convives ! Je crois comprendre que le garçon (qui ne parle ni allemand ni anglais) nous suggère le plat du jour; on demande de la bière et on nous apporte...une bouteille de vin ! Qui n'est pas de la piquette. Repas mémorable, plat indéfinissable, fous rires garantis. Sommes finalement un peu pompettes, tant mieux, nous permettra de ne pas voir les bêtes qui partagent certainement notre chambre. Au milieu de la nuit, un groupe de fêtards bruyants réintègrent leur bungalow, et puis c'est la paix jusqu'au matin.
Nous faisons un tour du village, pour constater que presque toutes les infrastructures communes sont en mauvais état, vitres brisées, portes manquantes, toitures éventrées; un berger fait paître ses moutons dans la pelouse...
Le breakfast est une aventure; pas de thé pour moi, pas de lait pour Marie, et elle se rabat sur un café infect; une omelette baignant dans l'huile et pas de pain... malgré mes demandes dans toutes les langues. Et lorsque nous terminons ce festin, le groupe de la nuit fait irruption et reçoit ... de la soupe avec du pain !!
Malgré ces péripéties alimentaires, il est honnête de dire que le garçon est charmant et qu'il fait son possible pour nous satisfaire - mais que peut-il donner s'il n'y a rien ?
Quelques années plus tard, quand nous irons en Roumanie, nous comprendrons le rôle des pénuries dans les sociétés communistes, et aussi l'étonnement que notre apparition a dû causer dans ce village boudé en pleine saison, même par les autochtones.
NDLR. Bitola est maintenant en Macédoine

Etape yougoslave (1)


Première nuit en Autriche (zimmer frei, pour gagner du temps); passage de la frontière par le col situé entre Villach et Jesenice (actuellement en Slovénie), à l'issue d'un long tunnel: longues formalités et passage à la banque; les dinars yougoslaves sont tellement dévalués que je deviens millionnaire avec quelques DM (à l'époque c'est la monnaie forte appréciée à l'est).

Entre l'Autriche et la Yougoslavie, la différence de niveau de vie est très palpable; les routes sont devenues dantesques, la magasins inexistants et la saleté générale. Pourtant nous n'en avons cure, nous avançons, pas vite, mais nous avançons vers notre but; j'ai décidé : pas d'arrêt important avant la Grèce.

Le soir nous surprend à Slavonski Brod, actuellement juste à la frontière entre la Bosnie et la Serbie. Il s'y trouve une florissante auberge flanquée d'une série de minuscules bungalows baptisés "motel", qui héberge les nombreux voyageurs de cette route à grand trafic, la "route des Turcs", qui rentrent chez eux pour les congés, et aussi des camions à destination de l'est. D'ailleurs ce n'est pas la seule auberge le long de cette route, et tous les soirs, elles font le plein de clients.

La guerre est passée par là, et je me demande ce qui reste de notre auberge de Slavonski Brod (où nous avons également logé en route pour la Roumanie). Je crois que l'endroit a été détruit. Folie des hommes !

jeudi 28 février 2008

Objectif: Troie


Très étonnant, mais de 1988 à 1989, aucune trace dans les albums photos d'une quelconque escapade ! Donc nous voici en l'été 1989, et j'ai décidé d'abandonner les brumes du nord pour les sables de la Turquie.
Mon objectif est ambitieux et téméraire: les ruines de Troie !
Nul n'ignore que j'ai été bercée par la culture classique et que j'ai traduit Homère dans mon adolescence... Je sens que l'heure est venue de visiter les ruines mythiques, ou ce qu'il en reste, c'est-à-dire pas grand-chose, mais mon imagination fera le reste. Donc, cap sur Troie, en Turquie.
J'élabore un itinéraire complexe, qui s'enrichit de nombreux détours chaque fois que mes yeux croisent un nom évocateur, Olympie, Mycènes (où le drame a commencé par l'enlèvement d'Hélène), Delphes ou Epidaure.
Marie aime l'archéologie et elle ne se souvient pas du précédent voyage en Grèce: parfait, elle sera une compagne idéale si je lui ménage de temps en temps une petite trempette dans la mer.
De Grèce je décide de passer le détroit des Dardanelles en bateau, de remonter par voie terrestre jusqu'à Troie, et puis d'atteindre Istamboul; de traverser le Bosphore sur le nouveau pont et de rentrer au pays en visitant la Bulgarie. Un mois devant nous, ça devrait suffire. La petite tente tunnel, des provisions, le bateau gonflable (oui oui il est toujours vivant celui-là), mes vagues notions d'anglais et d'allemand, vraiment je ne doute de rien. C'est que je suis portée par la force de mes rêves.
Ce qu'il adviendra de ce beau programme, vous le saurez en lisant les prochains messages; j'ajouterai que j'ai fait tout ce périple sans roue de rechange - à l'époque la Jetta était munie d'une petite roue permettant de joindre le garage le plus proche. Oui d'accord, j'étais inconsciente, mais c'est un fait que je n'ai jamais crevé.

Il ne suffit pas d'être Japonais




pour faire une bonne photo !


Ascension du mont Snowdon, le point culminant de Grande-Bretagne. Les Anglais ont le sens de l'humour et se moquent volontiers de leur climat... Et en fait, ça se vérifie: au sommet le brouillard est à couper au couteau, on ne voit strictement rien du paysage et on gèle. Un Japonais nous prend en photo: vous voyez le résultat.


Cette anecdote clôture un merveilleux voyage: en le revivant, j'ai des envies de le recommencer...

Souvenirs du Pays de Galles


Nous ne regrettons pas notre choix: le Pays de Galles, surtout le nord, est une magnifique destination. Anciennement industrielle, cette région s'est reconvertie dans le tourisme: par exemple, à Llanberis, un petit train à vapeur sillonne la campagne et relie les anciennes usines transformées en musées.

Nous trouvons un camping génial en pleine nature; le soir, à la fraîche, nous jouons au badminton (oublié de dire que Marie et moi adorons ce "sport", et aussi le ping pong, chaque fois qu'une table est à la disposition des campeurs)

Châteaux (Caernavon) ou gentilhommières, vallées sinueuses, montagnes caillouteuses, moutons, et noms de localités imprononçables (entre 10 et 20 consonnes pour 2 ou 3 voyelles), le Pays de Galles a un charme fou. Même si le climat est "typiquement anglais" !

Communication importante à mes lecteurs

Certains le savent, d'autres pas: je pars au Soudan le 5 avril.
Seule, 4X4 avec chauffeur.
Pour ne pas intercaler ce nouveau voyage dans le récit chronologique de mes (modestes)aventures, je crée un autre site, dont l'adresse apparaît ici.
Je réponds ainsi à la remarque de Françoise H. (pour la distinguer de Françoise V. et de Françoise D.), qui déplorait l'intrusion de Baden Baden dans le journal de mes "années avec enfants".
Je pense qu'elle a raison, surtout pour un voyage de cette importance, qui mérite un récit indépendant...

http://virginieausoudan.blogspot.com/

Around Dublin




Les environs de Dublin sont plutôt touristiques et moins déserts que le reste du pays. Une rando dans les Monts Wiclow vaut cependant la peine et l'excursion à Glendalough reste inoubliable, même si on doit la partager avec la foule... La tour ronde est une des plus belles d'Irlande. En cours de route les bistrots en plein air ne manquent pas pour déguster scones and high tea. Un must. Pour les amateurs de jardins (j'en connais), Powerscourt est très agréable. Et l'on peut aussi se promener là où fut tourné je ne sais plus quel film sur les chevaliers de la Table Ronde...


Bientôt il nous faut quitter l'Irlande - avec regret, car c'est un des pays les plus attachants que je connaisse, et j'y retournerais volontiers. Après hésitation, j'ai supprimé l'Irlande du Nord de mon itinéraire et préféré le Pays de Galles. Alors, embarquement pour Carnaevon, en espérant éviter le mal de mer...

Dublin




Ville un peu provinciale, sillonnée par des bus comme les bus londoniens, mais.... verts ! Principale attraction: le Trinity College, avec le très ancien et très précieux Book of Kells (qui était encore récemment exposé à BXL, pièce vedette de l'expo phare d'Europalia). Très fière de ses portes anciennes, et de ses vieux quartiers bourgeois. Et aussi des hauts lieux de la guerre d'Indépendance, comme la Poste principale...


Pour nous, le plus urgent est de trouver un magasin de sports pour l'achat d'une nouvelle tente (même à Galway, nous n'avons rien trouvé d'autre que du matériel de pêche, ce qui ne nous est d'aucune utilité); nous optons pour une "tunnel" (voir message plus ancien), un peu chère, mais de bonne qualité.

mercredi 27 février 2008

Aran Islands




LE SOMMET DE TOUT VOYAGE EN IRLANDE !


Mais ne faites pas comme nous, prenez un gros pull et une serviette.


Les îles d'Aran sont piétonnes; faut donc laisser la voiture dans un parking à côté de l'embarcadère et se munir d'un petit sac avec l'indispensable pour une nuit au moins (car l'horaire ne permet pas de revenir le même jour). Le bateau pour Inishmore, l'île principale, est tout petit - vu qu'il ne transporte pas de voitures. Au départ un beau soleil, mais ça ne dure pas. Le roulis est tellement fort que le mal de mer nous prend dès le premier quart d'heure. Dans le carré réservé aux passagers, il fait une chaleur intenable qui augmente le malaise; sur le pont, les vagues nous mouillent jusqu'aux genoux, sans qu'on puisse prévoir de quel côté va venir la déferlente ni comment s'en prémunir. Inutile de dire qu'à ce régime, nous sommes heureuses d'arriver... La nuit tombe et nous prenons le premier B&B sur le port, qui s'avère un gîte pour clients peu regardants sur le confort; or nous n'avons ni serviette de toilette ni vêtements de rechange... A la guerre comme à la guerre ! (avec des fous rires, comme d'habitude)


Le lendemain nous louons des vélos pour parcourir l'île en tous sens - chemins qui folâtrent entre les murets de pierre, sandwiches et thé dans les cottages, et, but ultime, les forteresses de pierre, Dun Aengus et Dun Eachla, vraisembablement bâties au 8ème ou 9ème siècle avant JC. Impressionnantes constructions concentriques, dont l'origine n'est pas définie, dominant la mer du haut des falaises, cités imprenables parvenues jusqu'à nous. Magnifiques excursions ! C'est à regret que nous reprenons le bateau - et nous arrivons frigorifiées au port (j'allais dire sur le continent, mais l'Irlande est une île...), l'estomac en compote, la tête pleine d'embruns et de rêves. Cette nuit-là nous avons dormi dans un B&B select, radiateur à fond.

Poor Ireland


L'Irlande, bien que faisant partie de l'Union européenne depuis 1973, est toujours à cette époque un pays très pauvre, surtout dans les régions arides, comme le Connemara ou les Burren; on récolte encore la tourbe pour se chauffer, et de nombreux villages fantômes rappellent la grande famine qui poussa tant d'Irlandais à l'émigration. Pour le touriste les paysages sont grandioses, mais pour le petit fermier et ses quelques moutons, dans ces fermettes basses aux murs battus par le vent, la vie est rude et les ressources peu nombreuses; d'innombrables murets de pierre séparent les prairies, dans le but naïf d'arrêter les tempêtes...

Mégalithes & cie











La terre d'Irlande est aussi une terre de mystères... Nombreux sont les cercles de pierre, les dolmens, les huttes en pierre; quels peuples inconnus ont élevé ces énormes masses de granit et pourquoi ? Qui vivait dans ces habitations primitives ?




Il faut parcourir la plaine caillouteuse et déserte des Burren pour voir le soleil se coucher sur le dolmen de Poulnabrone; et pénétrer dans le tumulus de Newgrange (5000 ans !) pour découvrir, au bout d'un couloir, la chambre funéraire formée de grandes dalles disposées en transept.

Tente ou caravane ?


Un ami me demandait récemment pourquoi je n'avais pas opté pour le mobilhome ? A vrai dire, l'idée nous a traversés à une certaine période, mais vraiment ce n'était pas raisonnable.

1/le budget: je ne pouvais pas me permettre ni l'achat ni l'entretien de deux véhicules.

2/l'utilité: en vacances ok, mais le reste du temps ? Aller travailler en mobilhome ? Conduire les enfants à l'école en mobilhome ? Les courses ? Le parking ? Pas sérieux, évidemment.

3/la mobilité: circuler en ville, faire les petites routes de montagne, la lenteur sur les autoroutes, l'espace nécessaire pour se parquer, pas très pratique un gros bidule.

4/Le style: tellement plus "globe-trotter" la petite tente et la liberté...


Et pour terminer, en Irlande, le mobilhome n'est pas synonyme d'abri sûr... (voir photo)

mardi 26 février 2008

Et Cromwell vint...







Et détruisit tout sur son passage... laissant derrière lui les ruines des magnifiques abbayes d'autrefois, parfois surmontées d'une tour ronde intacte, à la fois promontoire de guet et refuge pour les paysans (la porte est située très haut, qu'on ne puisse l'atteindre en cas d'attaque).



L'Irlande est cependant toujours farouchement catholique, et la montagne St Patrick, le patron du pays, attire encore de nombreux pélerins. Avouons-le, nous avons renoncé avant d'arriver au sommet...

Les routes d'Irlande











Etroites, sinueuses, désertes - à part quelques ânes ou les inévitables moutons.




Elles semblent souvent ne mener nulle part, se perdre dans les montagnes ou tomber dans la mer. Elles s'intitulent ring of Dingle, ring of Kerry, Moll's gap ou tout simplement Sky Road. Certains les parcourent à pied, à vélo ou en roulottte; parfois on rencontre une sorte d'auberge où l'on peut déguster des scones maison avec un thé brûlant. Et chaque localité a son pub, où l'on sert la Guiness au tonneau dans une atmosphère enfumée, et le rude climat justifie cette bière qui offre à la fois à boire et à manger...

B&B en Irlande




De qualité et d'accueil variables, mais toujours une expérience intéressante.


Le point commun est le breakfast, au menu inaliénable: eggs and bacon (parfois très gras), porridge, toasts and orange marmalade; pour Marie, le porridge suffit, ou éventuellement un peu de confiture !


L'autre point commun est l'isolement, et l'absence de restaurant; un soir nous avons marché plusieurs kilomètres pour trouver un pub qui offrait des moules en portions microscopiques, sur des tables basses; un autre soir, dans un château converti en chambres d'hôte, on nous a servi un pamplemousse ... chaud, avant l'inévitable irish stew sans goût.


Dans ce même château, notre chambre comprenait une baignoire étroite mais d'une longueur démesurée...


Evidemment tout cela coûte plus cher que le camping, même si c'est abordable par rapport à l'hôtel; mais aucune autre solution avant de trouver à acquérir une nouvelle tente; autant que possible, nous pique-niquons, ou nous mangeons des fish and chips dans la rue. En prenant bien garde d'arrêter le vendeur avant qu'il n'inonde nos frites avec du vinaigre ! Amateurs de mayonnaise, passez votre chemin.

Camping en Irlande







C'est un véritable plaisir: espace et tranquillité. Idem pour les plages (à parcourir en bottes et en Kway, adieu les maillots), les landes, les campagnes. Tout est vert, car selon l'adage, en Irlande il pleut tous les jours, mais pas tout le temps.



En prime, il y a le vent.



Et une après-midi, en revenant d'excursion, l'irréparable: les arceaux de notre igloo ont fini par céder sous l'action du vent (n'ont pas entendu parler de la fable de La Fontaine), ils se sont brisés et ont déchiré la toile de tente, qui s'est abattue sur toute notre literie; c'est à peine si nous reconnaissons notre installation sous ces débris dignes d'une installation d'art contemporain (dommage pas de photo souvenir).



Notre réaction: un fou-rire inextinguible !



(Ici une parenthèse, la veille de ce jour mémorable, un convoi de voitures belges toutes identiques est arrivé au camping: des Flamands nationalistes ! installation comme des scouts -pourtant ce sont des adultes - en arc de cercle, avec au centre un mât et un drapeau, le Lion bien entendu; ne nous ont pas adressé la parole quand se sont aperçus que nous étions francophones, et ne nous ont proposé aucune aide au moment du sinistre...)



Mais de l'aide, nous n'en voulons pas; toujours en riant, Marie se glisse sous les débris pour récupérer nos affaires, et la tente termine sa vie...dans la poubelle. Dès ce moment nous logerons en B&B, tout en cherchant à acheter une nouvelle tente, que nous trouverons seulement à Dublin, notre dernière étape ! Une tente tunnel, que nous jugeons plus adaptée au climat venteux...

lundi 25 février 2008

South Wales et mal de mer




Wales and Cornwall, même combat : froid, pluie, vent et de temps en temps une éclaircie. Nous passons une nuit dans une ferme, car monter la tente relève du prodige (surtout notre légère igloo); j'ai le souvenir d'un breakfast particulièrement roboratif, avec, bien sûr, du poisson fumé !


Visite de Saint David et de son imposante cathédrale, et promenade intrépide le long de la mer, avant d'embarquer sur le ferry pour Rosslare, en Irlande.


En mer, le soleil revient mais nous voilà toutes les deux atteintes d'un mal de mer tenace et inattendu ! Au lieu de rêver aux rives lointaines, accoudées au bastinguage, nous agonisons sur les bancs du pont... Nos premiers pas en Irlande seront de soulagement !

Cap sur la verte Erin






















Eh oui, après l'Ecosse, il est inévitable que nous soyons attirées, Marie et moi, par l'Irlande ! Comme par miracle nous disposons de tout le mois de juillet, je prépare avec soin un itinéraire original.
Pas question de partir en avion (budget et matériel de camping), alors c'est le bateau, deux fois aller, deux fois retour...
Première étape, les Cornouailles; vraiment cette région du sud de l'Angleterre est exceptionnelle et vaut le détour.
Douvres et ses falaises (même si on connaît, c'est toujours magique)
Stonehendge et son mystérieux cercle de pierres (impressionnant)
La lande de Dartmoor (bien sûr on avait lu le "Chien des Baskerville")
La côte, identique à celle de Bretagne
Land's end, le bout du monde, le cap Finistère des Anglais, véritable parc d'attractions, avec fausse caravelle pirate, pont de corde, promenades en calèche, village de pêcheurs miniature, et bien sûr vente de timbres dans "the first and last house"
Tintagel, les ruines du château du roi Arthur, promontoire nostalgique au-dessus d'une mer en furie
Clovelly, petit village de pêcheurs préservé (et piétonnier) - où nous avons découvert le cream tea (personnes souhaitant maigrir s'abstenir)
Et Ilfracombe, la maison de Patsy, où Jérôme et Manu ont travaillé pendant leurs vacances pour apprendre l'anglais... (séparément, et ce serait chouette qu'ils racontent leurs aventures personnelles !)
Toute la semaine, un vent dément, de la pluie, de rares éclaircies; certains soirs, nous restons dans la tente, enfouies sous les pulls, et nous mangeons des conserves...

Intermède


A ce stade de mon récit, je propose à mes lecteurs une petite réflexion; on pourrait croire que ma vie n'est faite que de voyages à gauche et à droite; c'est faux bien entendu; je travaille dur, même si on a tendance à considérer que les profs ne font pas grand-chose, je me lève tôt, j'assume la vie de la maison, tout le côté pratique (jamais d'aide ménagère), et j'encadre les enfants au mieux dans leurs études; je les ai toujours voulus autonomes, à mon image, et les ai poussés très tôt à vivre de leurs propres ailes. Une réussite totale, mais ce n'est pas le sujet de ce blog.

Mon truc à moi, c'est bouger et voir le monde. Alors j'économise sou par sou pour cette passion et je profite de tous les temps libres...

Aujourd'hui que j'ai vieilli, je n'ai pas changé, j'ai seulement élargi mon champ d'action... Premier vol en avion (vers la Roumanie, une aventure mémorable), 1990, première fois hors Europe, en 2003 (Egypte).

Depuis 2003, j'ai parcouru l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine, mais il reste encore bien des destinations qui m'attirent. J'ai voyagé de différentes façons, en groupe, en couple, solitaire... et j'ai acquis un regard critique sur le "tour business ".

J'ai surtout développé ma conscience et ma connaissance des hommes: le véritable voyageur est un témoin qui apprend la tolérance, l'humilité et la modestie. Rien à voir avec l'arrogance des hordes touristiques qui déferlent sur les plages et réclament un steak frites comme à la maison.

Tous ces récits viendront à leur heure, si toutefois mes lecteurs ne se lassent pas de me suivre année par année.

Cependant demeure en moi une certitude: toutes ces années où le manque d'argent nous a confinés en Europe, les enfants et moi, toutes ces années ont été parmi les plus belles de ma vie; non seulement parce que l'Europe recèle des trésors qui méritent d'être vus, mais parce que nous unissait une fraternité pleine d'humour que je n'ai jamais retrouvée depuis - ou si peu; sauf au Mali avec Jérôme !

Photo: Delphine et moi en 2008: le même sourire que dans les années 80 ! nous avons mûri, mais pas changé. Bisous à tous et happy birthday Delphine !

dimanche 24 février 2008

En attendant l'été (2)


Une véritable boulimie de sorties ! Rien qu'avec Marie, alors c'est moins coûteux. Trois jours à Londres en voiture (eh oui, encore...), avec arrêt à Canterbury; réveillon de Nouvel An à Ostende (d'accord ce n'est pas très exotique, mais ça mérite d'être noté, à cause des sirènes de bateau à minuit); trois jours à Paris, dans un hôtel bon marché très bruyant; là il faut rappeler que notre premier voyage à Paris fut avec la Peugeot, tous les enfants et moi, et que nous sommes tombés en panne en plein Champs-Elysées, et que j'ai remis de l'eau dans le réservoir après une promenade pour laisser refroidir le moteur, et que j'ai pris cette eau dans la fontaine près du Grand Palais, parce que c'était jour férié, et comment trouver de l'eau distillée aux Champs-Elysées un 11 novembre ? Et que je me suis trouvée dans un monstrueux embouteillage Place de la Concorde dont j'ai cru ne jamais sortir...
Début juillet, nous partons conduire Delphine et Luc à Berdorf : encore un lieu de prédilection !

Une omelette mythique







Fin août, nouveau départ ! Delphine va camper en Bretagne (Perros-Guirec) avec sa grande amie Lise et une autre jeune fille; Marie et moi nous allons la rechercher - prétexte à une escapade supplémentaire.



Sans surprise, passage par le Mont St Michel - je crois y être allée une bonne dizaine de fois (déjà avec mes parents), mais jamais je n'ai dégusté cette fameuse omelette, pour diverses raisons; un jour peut-être...



Les filles s'amusent à la plage, et moi je fais (seule) le sentier des douaniers entre Perros-Guirec et Ploumanach, un souvenir de mon enfance (parcouru avec mes parents en...1956)



Je crois que ce séjour est un excellent souvenir pour Delphine et Marie; pour moi aussi, notamment un plateau de fruit de mers arrosé de pas mal de muscadet avec les parents de Lise...

Circuit des châteaux











Première visite en 83, mais Emmanuèle n'était pas avec nous, et Marie a tout oublié. Donc on recommence à zéro: Neuschwanstein, Howenschwangau, et on ajoute Linderhof (ravissant) et même Herremchiemsee, imitation de Versailles bâtie sur une île au milieu du lac de Chiemsee; on trouve à camper au bord du lac et on fait du sport: golf miniature et... bateau électrique sur le lac. Très très beau séjour.




Qui ne serait pas complet sans une rando dans les "montagnes de Manu", là où elle a consolidé les sentiers effondrés après l'hiver.




Au retour, la Route romantique, avec Rothenburg, ses maisons à colombages, ses remparts (intacts), ses crêches en bois; ce serait bien de revenir pour le marché de Noël !

Bavière et bavarois











Ce sont de belles vacances, nature, culture, architecture, un combiné qui me convient. Tout d'abord Heidelberg, la cité des myrtilles, au bord du Neckar, dominée par les ruines du château mi médiéval, mi-renaissance (dur dur la montée); j'y reviendrai plus tard, avec Sorin, et une expo dans les dépendances du château me fera découvrir Baselitz...




Ensuite une sélection d'églises baroques, Ettal, Wies, avec tout le chatoiement des ors de leur décoration un peu...chargée; je préfère les maisons peintes en trompe l'oeil d'Oberammergau et les chalets fleuris, peints en jaune, groupés autour de petites églises au pied des montagnes. Nous louons une zimmer frei, à défaut de trouver un camping; notre hôtesse nous régale de champignons sauvages; côté desserts, on s'empiffre de strudels et de bavarois.




Et bien sûr nous visitons le fameux théâtre du jeu de la Passion, nous qui avons participé tant d'années à celui de Ligny !