La semaine s'achève, nous devons reprendre la route, mais sûr on se reverra...
Florin voudrait que nous rentrions par la Hongrie, mais j'insiste pour repartir par la Yougoslavie; bonne intuition, car la guerre éclatera l'année suivante...
Vers le sud, les petites routes sont désertes et traversent de jolis villages qui n'ont pas été atteints par la folie destructrice de Ceaucescu; mais tout est pauvre et nous ne trouvons rien à manger, ni magasins, ni restaurants. Souvent nous sommes assaillis par des enfants tziganes, pieds nus et noirs de crasse, qui mendient avec insistance.
A la frontière, c'est l'horreur: je compte 4 km de file, des Dacia qui veulent passer en Serbie pour faire des courses; forte de ma nationalité, je risque de dépasser tout le monde, et les douaniers me laissent passer ! Mais je suis honteuse de ce privilège. Sur le pont du Danube qui sert de frontière entre les deux pays, de jeunes militaires en armes nous arrêtent : ils veulent des cigarettes; difficile de faire comprendre que nous n'en avons pas !
A mon tour de friser la panne d'essence; ce que les Roumains cherchent en Serbie, je l'ignore, car il n'y a rien non plus, ni carburant, ni magasins, ni restaurants.
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