mercredi 5 mars 2008

Aventures bulgares (1)


A la frontière, une file dont la longueur est difficile à évaluer; rien que des Turcs, essentiellement allemands, qui rentrent chez eux. Je fais connaissance avec un Turc belge (ou l'inverse, comme vous voulez), qui est pris dans l'embouteillage, comme tout le monde. Paraît qu'il y a des troubles en Bulgarie (assez graves, je le saurai à mon retour) à propos de la minorité turque, alors les douaniers font du zèle, ou de l'obstruction, allez savoir !
Nous attendrons 9h30. oui, vous avez bien lu, 9h30.
Les Turcs sont commerçants dans l'âme, et des colporteurs se faufilent entre les voitures pour vendre des petits pains, des beignets, des fruits; je sens que nous n'arriverons pas à Plovdiv et je prépare un plan B, penchée sur la carte. Mon copain turc liégeois n'est guère optimiste et me dit que je ne trouverai aucun logement, si par hasard, on passe aujourd'hui - et quand je parle de camping, il rigole franchement !
On passe pourtant, à la nuit tombante; les Turcs sont soumis à des contrôles interminables, mais nous c'est à peine si on regarde notre passeport ! Je me précipite au bureau-banque pour changer mes derniers dollars en lev, et en avant ! Un km plus loin, début de l'autoroute de transit, et le péage se fait... en dollars. J'ai beau expliquer que je n'ai plus de dollars, rien à faire; finalement on accepte ma quote-part en shillings autrichiens.
Cette autoroute de transit (qui joint la Turquie à la Serbie) est un véritable cauchemar, surtout la nuit; stop au premier parking; un bâtiment qui pourrait être un hôtel déverse une musique rock à réveiller les morts, et nous passons notre chemin, en prenant bien garde de ne pas écraser les gens qui dorment par terre (les femmes et les enfants turcs dorment dans les véhicules, mais les hommes à même le sol, sur une simple couverture).
Finalement nous trouvons un hôtel, c'est-à-dire une bâtisse sinistre, au milieu d'un parc à l'abandon; une hôtesse fatiguée et maussade confisque notre passeport et nous désigne une chambre; nous sombrons immédiatement dans le sommeil, très heureusement pour nous.
Le lendemain matin, ma bonne humeur légendaire retrouvée, je tire les tentures pour admirer le paysage. Déception, la fenêtre grillagée donne sur un talus... mais par cette manoeuvre j'ai dérangé les premiers occupants du lieu : des insectes énormes particulièrement répugnants. Des punaises ? Je n'ai aucune expérience pour leur donner un nom. Nous les chassons, car les écraser nous semble impossible vu leur taille. Beerk ! Finalement, c'est eux qui nous chassent car nous plions bagage sans demander notre reste. A la réception, de nouveau le même problème, on veut que nous payons en dollars (je paie en DM); quant au breakfast, non compris dans un prix pourtant prohibitif vu le type de service, il a lieu dans un autre bâtiment, tout aussi sinistre et délabré; impossible de recevoir autre chose qu'un café infect - alors que deux policiers, arrivés après nous, reçoivent de la soupe et du pain ! Vive la Bulgarie !

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