Comme d'hab, j'ai mal calculé les distances; il est 16 heures, et j'estime que nous serons à Sibiu, notre but, dans trois heures. Erreur funeste.
Les routes sont sinueuses et surtout dans un état lamentable, inimaginable en Occident. Les routes grecques, yougoslaves et turques sont des patinoires en comparaison. Il faut slalomer entre les nids de poule et rouler au pas derrière des camions polluants ou des charettes tirées par des chevaux ou des ânes; les dépassements sont hyper dangereux car les natifs roulent à tombeau ouvert; dans les villages, oies et autres volatiles picorent tranquillement au milieu du chemin, en compagnie des piétons qui n'ont pas d'accotement à leur disposition. Et, bien entendu, la nuit tombe plus tôt que prévu (on est plus à l'est) et conduire devient cauchemardesque, car les charrettes ne sont pas éclairées et de nombreux automobilistes n'allument pas leurs phares ! Que faire ? Il faut bien continuer... Vraiment, je n'aurais pas dû m'arrêter à Timisoara, étape sans intérêt.
Nous arrivons finalement à Sibiu, dans un état de fatigue indescriptible, miraculeusement sains et saufs. Mais comment s'orienter dans cette ville déserte et sans éclairage ?
Je stoppe au premier hôtel que je repère, dans le centre; c'est une tour en béton, avec un hall majestueux, sale et vide. Le réceptionniste accepte de téléphoner à mes amis et nous attendons, affalés dans de méchants fauteuils en skai.
Ils arrivent, endimanchés (nous sommes en short...), et d'emblée, Florin me baise la main !!! Cette vieille coutume a perduré malgré le communisme... Elle se perd parmi la jeunesse et c'est bien dommage.
Nous suivons leur Dacia, surnommée par dérision"Flèche rouge" et nous voilà dans un quartier "moderne", où tous les blocs d'appartements se ressemblent - nous ne parviendrons jamais à nous y orienter, même en plein jour. Il faut vider complètement la voiture, car ils craignent les vols, et cette opération se pratique à pied, car l'ascenseur est en panne.
Les communs sont crasseux et délabrés (une constante en pays communiste), mais par contraste l'appartement est coquet et chaleureux. Nous sommes épuisés et affamés (juste quelques biscuits depuis le matin).
Mais l'heure du repas est passée... on nous attend avec une simple collation (du lard gras fumé, des cornichons aigre-doux, de petites tomates vertes) et surtout, surtout, la redoutable tuica (prononcez tzuica), alcool de prune d'environ 60 degrés; nous voilà obligés de faire cul sec, à la mode du pays...
Inutile de préciser que nous nous mettons au lit dans un état proche du coma éthylique... la nuit pourtant est agitée, car on ne peut stopper la chaleur des radiateurs (on est en juillet!) et les bruits de la gare toute proche pénètrent impitoyablement par la fenêtre ouverte. Bine ati venit.
3 commentaires:
Moi, je me rappelle des bières qui étaient stokées dans la baignoire de la salle de bain,... et il me semble qu'il n'y avait pas d'eau chaude chez eux.
Sur la photo, Jéjé a l'air bien entammé il me semble!
Oui ! Quand ils trouvaient des bières, ils les achetaient pas casiers...Le frigo était insuffisant ! quant à l'eau, bien sûr pas d'eau chaude, et souvent, pas d'eau du tout ! Idem pour le courant. Par contre le chauffage fonctionnait en été; il dépendait d'une centrale et les habitants ne pouvaient pas régler les radiateurs. L'ère du gaspillage en commnun; le communisme, quoi.
Autre chose qui me revient: Geta cuisinait au gaz et ne l'éteignait que lorsqu'on quittait l'appartement - PARCE QU'IL Y AVAIT PENURIE D'ALLUMETTES !!!!
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