Adieu la Grèce et rebonjour la Yougoslavie. J'ai toujours été fascinée par l'Albanie; ce pays très fermé était inaccessible, mais j'ai contourné le problème en me rendant au lac d'Ohrid, qui marque la frontière avec la Macédoine; des rives du lac, on peut admirer les montagnes du pays des Aigles et peut-être apercevoir les bunkers qui le défendent.
Ce lac d'Ohrid est inconnu de la plupart des voyageurs à qui j'en ai parlé; c'est pourtant un site splendide, parsemé de chapelles orthodoxes; l'eau du lac est aussi pure que celle du Baïkal en Sibérie et les touristes sont uniquement autochtones.
Le camping était situé dans un décor enchanteur, mais les infrastructures, pourtant presque neuves, sont déjà bien délabrées; pas de problème, nous avons maintenant l'habitude du style communiste. Nous nous lions d'amitié avec nos voisins, un couple d'étudiants, Tania et Juba; elle est serbe de Belgrade et lui macédonien de Skopje; quand ils se chamaillent, elle le traite de sauvage et lui de snob: déjà les prémisses de la guerre !
Ils n'ont qu'une vieille tente vide et sont fascinés par notre matériel pourtant bien modeste; ils ne connaissent rien du monde occidental et nous rien de la vie quotidienne dans un pays communiste... les échanges sont passionnants. Grâce à eux nous visitons les églises fermées de la ville d'Ohrid, car ils connaissent la manière de trouver le bedeau, et un musée historique dédié à la haine des Turcs et à la gloire de Tito. Surtout nous dénichons une boucherie ! Nous leur cuisinons de vraies boulettes belges avec des frites et eux nous apprennent à préparer la limonade avec des sachets de poudre. Quelques jours magnifiques au bord de ce lac.
Un bref échange de courrier, et puis le silence. J'ai souvent pensé à eux pendant cette affreuse guerre. Que sont-ils devenus ?
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