dimanche 27 janvier 2008

La côte dalmate




Adieu Venise; bref arrêt à Miramar (j'en aurai vu des châteaux dans ma vie !) puis passage de la frontière yougoslave (long et pénible): c'est la première fois que nous pénétrons en pays communiste.


La Yougoslavie (qui n'était pas encore divisée en plusieurs pays indépendants comme à l'heure actuelle) passait pour un pays libéral par rapport aux autres nations à l'est du rideau de fer. Cependant, sur le plan économique, c'était un désastre, surtout pour nous qui, sans transition, venions de l'Italie prospère. Quand par hasard nous trouvions un magasin, s'il y avait du lait, il n'y avait pas de beurre, ou inversément; pas de pain frais et nesquick introuvable (pauvre Jérôme); viande uniquement dans les restaurants (heureusement bon marché); nous avons fait une cure de saucisses en boîte et c'est de cette époque que datent les concours de pommes de terre à l'eau: les champions étaient Benja et Delphine. Le drame fut la fin de le bonbonne de gaz, trouver une recharge relevait de la science-fiction ! Et pourtant... un petit bricoleur nous remplit notre petite bonbonne à partir d'une bonbonne géante qui alimentait un bloc de maisons. A partir de ce moment je voyagerai toujours avec deux bonbonnes !


Tout cela nous amusait énormément; le pire était la saleté. La côte dalmate était une splendeur transformée en latrine à ciel ouvert. Pas un buisson, pas un recoin de rocher, pas un point de vue où l'on pouvait poser les pieds sans danger...Quant aux sanitaires des campings et même des restaurants, ils semblaient atteints récemment par une bombe, ou définitivement bouchés, de toute façon inutilisables. La mer était d'une magnifique transparence, et la terre honteusement souillée. Nous avons campé à Senj, dans un décor splendide, mais dans des conditions pour le moins difficiles. Aussi, arrivés dans une petite localité nommée Grebastica, quand nous avons vu une pancarte "à louer" pour un petit appartement dont le balcon donnait sur la mer, je n'ai pas hésité, d'autant plus que le prix était dérisoire. Ce paradis avait des vices cachés: chauffe-eau hors d'usage, chasse d'eau capricieuse, lits sans matelas, mais nous y avons quand même passé un bon séjour. J'ai acheté un bateau gonflable qui faisait la fierté des garçons; côté culture, la ville de Zadar, toute proche, était une petite merveille de vestiges paléochrétiens; on trouvait encore des artisans qui fabriquaient de ravissants bijoux en argent et les touristes étaient aussi rares que les toilettes fonctionnelles.

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