Merci à tous mes lecteurs fidèles

Figurez-vous que ce blog est terminé... Oui, terminé, définitivement terminé. Commencé en 2008, avec l'ambition de relater mes voyages depuis l'enfance !!!

Pourquoi le terminer en octobre 2007 ? Parce qu'à partir de cette date, chaque voyage a fait l'objet d'un blog particulier; d'abord avec Jérôme, au Mali, en novembre; c'était mes premières armes, et Jérôme était aux commandes. Et puis je me suis lancée seule, le Soudan, les USA, l'Ethiopie, etc. J'ai beaucoup progressé en informatique depuis cette époque ! Depuis la Sicile, je me déplace avec un notebook, et je peux publier mes photos chaque soir, en commentant ma journée. Vous pouvez ainsi me suivre en temps réel.

Un grand merci aux fidèles des fidèles, les enfants, Raymond, Magali, Françoise, Jean-François, et d'autres encore, plus ponctuels, comme Claire F. pour le Mexique ou Claude C. pour le Guatemala et le Japon. Une liste trop longue à publier. Merci pour les commentaires et l'intérêt.

Oui, vous allez être tranquilles un petit temps, jusqu'à mon prochain départ, en mars. Surprise ! N'ayez crainte, vous serez prévenus...

Illustration: votre Virginie et sa veste bédouine aux 1000 broderies

LE livre irremplaçable

Un hasard qui fait bien les choses: j'ai déniché pour une bouchée de pain (disons-le, chez Pêle-mêle) un livre pas vraiment nouveau (1955), dont le prix monte jusqu'à 75 euros sur Amazon, écrit par ce grand scientifique que fut Julian Huxley (le frère d'Aldous Huxley, une famille de somnités).

Julian Huxley fut le premier directeur général de l'UNESCO, organisme des Nations-Unies, créé en 1945. Dans ce livre, Huxley relate ses voyages au Moyen Orient dans les années d'après-guerre, tant privés qu'officiels, dans le but de répertorier les sites majeurs à soutenir. Il y décrit justement les sites dont je viens de parler, Palmyre, Damas, Petra etc. Un livre qui pourrait être ennuyeux, s'il n'y avait le talent de cet humaniste clairvoyant. Bien de ses analyses sont prémonitoires, notamment lorsqu'il décrit la grande misère des Egyptiens, la corruption des fonctionnaires ou l'absolutisme des dirigeants. Juste que s'il revenait, il verrait combien ses voeux pour la cohabitation paisible avec Israël sont du domaine de l'utopie...

Un livre irremplaçable, que je voudrais avoir écrit, tellement il reflète ma pensée.

La forteresse d'Ajlun

Ma dernière visite en Jordanie... Une forteresse islamique, dressée contre les croisés, détruite par les Mongols, rebâtie par les Ottomans, dévastée par des tremblements de terre, restaurée pour les touristes... Un paysage formidable au sommet, et une balade divertissante (j'aime presqu'autant les châteaux cassés que les ruines antiques)

Spectacle à Jerash

Ce n'est pas une illusion: sommes bien à Rome, on paie son gradin et on en a pour son fric! Démonstration de l'armée romaine (paraît que ce sont de vrais militaires jordaniens), combat de gladiateurs (assez trash, on force les spectateurs à baisser le pouce), et le clou: la course de chars ! Juste que le centurion de service parle anglais et pas latin.

http://www.jerashchariots.com/

La dernière photo, c'est pour prouver que j'y étais; le vainqueur a droit à un hommage féminin, c'est la tradition !

L'hippodrome de Jerash

Mais ce qui fait l'orgueil et l'originalité de Jerash, c'est son hippodrome, à peu près intact, en partie restauré; on peut même y voir les box pour chevaux... Dimensions impressionnantes (250m X 50m), autrefois des gradins pouvant accueillir 15000 personnes - actuellement 500.

Non, ce n'est pas une illusion, l'endroit paraît encore fréquenté par les centurions romains !

Jerash

Encore un site romain en ruine, mais pas des moindres ! A mes lecteurs qui auraient une indigestion de colonnes, je me dois de préciser que je ne suis jamais aussi heureuse que lorsque je peux flâner à mon aise dans ces villes anéanties, témoignages d'une civilisation glorieuse... J'ai compris cela à force de voyager, que ce soit au Moyen Orient, en Italie, au Mexique ou au Cambodge... Donnez-moi des ruines, et je me tais de longues heures.

Revenons à Jerash; une ville immense, et relativement bien conservée. Admirez cette vaste place ovale, ces colonnes corinthiennes finement ciselées, ces arcs de triomphe... etc.etc., tous les vestiges romains habituels. Trois heures de visite au moins (en plein soleil), ce qui a permis à Karim le maniaque de laver la voiture à grande eau !!

Les châteaux du désert

De retour à Amman, j'ai repris mes quartiers au Grand Hyatt, décidément un bon hôtel, très classe.

Il me restait deux jours et quelques projets.

Tout d'abord, ce qu'il est convenu d'appeler les châteaux du désert, et qui ressemblent à tout, sauf à l'idée qu'on se fait d'un château. Des forts, plutôt, et complètement perdus dans une immensité plate et aride - à se demander ce qu'on pouvait bien faire dans un lieu aussi isolé.

Certains étaient pourtant des résidences de campagne, et l'un d'eux (celui au toit voûté) conserve de remarquables peintures murales, célèbres pour quelques représentations de ... danseuses nues! L'Islam n'a pas toujours défendu la reproduction de figures humaines.

Celui en ruine a abrité un temps Lawrence d'Arabie et ses soldats, dans des conditions que nous qualifieront de spartiates; la pièce voûtée est sa chambre.

Gadara (Umm Qais)

Autre ville romaine, citée dans la Bible, car c'est ici que Jésus délivra deux possédés de démons, qui s'enfuirent dans un troupeau de pourceaux.

Les ruines sont encore plus vastes et plus impressionnantes qu'à Pella, et le paysage est fabuleux: le plateau du Golan, le lac de Tibériade, la vallée du Jourdain, autrement dit la Syrie et Israël.

L'on mange sur la terrasse d'un charmant restaurant en méditant sur le destin de ces régions.

Pella

Je suis donc remontée vers le nord, avec comme projet quelques sites de la vallée du Jourdain, avant de reprendre l'avion du retour à Amman.

Pella est une ville dont les ruines couvrent des périodes allant du néolithique à la période arabe, en passant par Rome et Byzance. C'est fort cassé et très étendu, mais dans un site magnifique. Karim voulait me débarquer au restaurant qui domine le site, assurant que je verrais tout de là-haut sans marcher. J'ai exigé la promenade complète et ne l'ai pas regretté, même si c'était en plein soleil, et que les ruines, ça ne produit pas beaucoup d'ombre. D'ailleurs c'est ce que je préfère, errer dans les ruines antiques, mon LP à la main, et rêver assise sur l'un ou l'autre vénérable caillou. A Pella, c'était le pied.

Aqaba

Du Wadi Rum, la route qui remonte vers le nord de la Jordanie en longeant la Mer Morte (dont j'ai déjà parlé) passe obligatoirement par Aqaba, station balnéaire sur la Mer Rouge. Au grand étonnement de Karim, j'ai décidé de ne pas m'y arrêter: je n'éprouve aucun amusement à paresser sur une plage, et ne pratique pas le moins du monde la plongée - activité très populaire en Mer Rouge, responsable de la destruction irréversible de fragiles coraux.

Aqaba en Jordanie et Eilat en Israël sont deux stations jumelles dans la même baie; si vous regardez bien, vous pouvez distinguer la Mer Rouge sur ma photo...

Bédouins et Palestiniens

Les bédouins portent un keffieh rouge et blanc, et les Palestiniens un keffieh noir et blanc. Les Palestiniens composent les 2/3 de la population de la Jordanie. Les Bédouins sont le soutien de la royauté. Pas de politique dans ce blog, mais ces chiffres bruts suffisent à imaginer les problèmes du roi Abdullah et de sa femme, la reine Rania, pourtant palestinienne, un peu trop moderne pour être vraiment populaire.

Camper chez les Bédouins

Confort aléatoire, mais bon... Avoir de l'eau, dans le désert, c'est déjà un luxe. Une équipe masculine (pas une seule femme) tient le camping, sert les cocas, cuit la viande sous la braise, et une autre équipe masculine apporte le reste de la bouffe en voiture (probablement préparé par les femmes au village); petit feu de camp animé par des danses et des chants. Le tout très touristique. Je ne suis pas seule, un autocar est arrivé avec un groupe français de fervents catholiques, qui chantent des cantiques avant et après le repas, sans oublier une dernière prière commune s'élevant des tentes avant le couvre-feu. Dans cet environnement musulman j'avoue que c'est assez spécial.

Je me lève avec le soleil, et je me promène dans les dunes; des Bédouins à la recherche de touristes me proposent un tour en chameau... j'accepte et j'avoue que c'est un des plus beaux tours en chameau de ma vie, seule avec mon guide, un spectacle unique au monde, et une solitude magique. Encore un peu, je me prends pour Lawrence d'Arabie !

Le Wadi Rum

L'autre destination incontournable en Jordanie - également tenue par les Bédouins - est le désert de Wadi Rum. On reste dans les tons roses et ocres, comme à Petra. C'est un désert de sable, de roches et de massifs érodés très anciens, où l'on a découvert de nombreux pétroglyphes. Espace protégé, lieu fréquenté par les trekkeurs de tous niveaux, qui ont le choix entre bivouaquer et dormir dans des camps permanents gérés par les Bédouins. J'ai pour ma part choisi de louer un pick up pour une excursion - le conducteur était un vieux bédouin choisi par Karim. Magnifique, surtout les jeux de lumière du soleil couchant. Puis nous avons récupéré notre voiture pour passer la nuit dans un village de tentes, ce que Karim le maniaque n'a pas apprécié ! Dès le petit matin, je l'ai vu tenter de nettoyer la voiture de la poussière accumulée sur la piste, en pestant...

L'amazone de Petra

A la descente, j'étais bien fatiguée... Et j'avoue que j'ai pris un cheval-taxi à partir de la sortie du Siq...

Le monastère (El Deir)

Tous les édifices de Petra sont rassemblés dans une large vallée et sur les parois rocheuses qui bordent cette vallée; le monastère est perché sur les hauteurs, et pour l'atteindre, il faut se farcir un sentier assorti de 800 marches...! Le monastère ressemble au Trésor et a reçu ce surnom parce qu'il a probablement servi d'église à l'époque byzantine. En cours de route, on peut admirer une sépulture flanquée de deux lions, nichée dans un recoin. Tout en haut le panorama est évidemment à couper le souffle (si vous ne l'avez pas déjà dans cet état avec la montée). Les allergiques à la grimpette peuvent atteindre le monastère à dos d'âne - pauvres bêtes bien maltraitées par les Bédouins.

Il existe une autre rando assez facile, vers l'autel des sacrifices: mon timing ne m'a pas permis de la faire. Mais Jérôme l'a faite pour moi, lors de son trek en Jordanie.

Petra (3)

A partir du trésor, on marche encore et encore... Le chemin s'élargit, et l'on peut admirer toutes sortes d'habitations troglodytiques, des sépultures, un théâtre, et les somptueuses tombes royales; puis la ville romaine, les palais, les thermes, les temples et j'en passe ! Petra est un site immense et splendide.

Difficile d'ailleurs de tout voir en détail - même quand on s'appelle Virginie et qu'on a a l'oeil ouvert; Raymond m'a assez reproché de ne pas avoir regardé le plafond des toilettes...

Le site est exploité par les Bedouins: ils ont l'exclusivité des boutiques, des transports par ânes, chameaux ou carrioles... Virginie, bien sûr, allait à pied.

Le Trésor

Ce trésor n'est pas un trésor mais la façade hellénistique d'un tombeau nabatéen, daté probablement du 1er siècle avt JC., mais peut-être plus tardif. La légende suggère qu'il renferme un trésor - jamais trouvé - ce qui explique le surnom. Sculpté à même le grès rose, de dimensions impressionnantes, c'est l'édifice le plus extraordinaire de Petra, surtout quand il est illuminé par les rayons du soleil. Rien que pour cette vision, on marcherait des heures.

L'intérieur est vide ! Mais pas l'esplanade devant le Trésor, heureusement très vaste. Sur la photo prise du tombeau, vous pouvez voir la fente d'accès du Siq et mesurer la hauteur des parois... (rappel: 200m)

Petra (2)

Petra est une ville fondée par les Nabatéens, dont la grande période glorieuse va du 8ème au 1er siècle avant JC. Ces habiles commerçants devinrent riches en faisant transiter les produits précieux comme l'encens entre l'actuel Yemen et l'Egypte, d'où ils embarquaient pour la Grèce et Rome.

Petra montre l'habileté des Nabatéens dans le domaine de l'irrigation - ils ont créé citernes, canaux et digues qui ont permis de vivre dans ce désert. Leurs contructions, sanctuaires, tombeaux révèlent un art original. Finalement vaincus par les Romains, ils furent bien obligés de se soumettre et Petra s'enrichit des bâtiments habituels à ces derniers: cardos à portiques, thermes, temples divers. L'époque byzantine laisse aussi des traces, mais à partir de la période arabe, la ville tombe dans l'oubli. Seuls les Bédouins, lointains descendants des Nabatéens, connaissaient son existence; l'Europe ne découvrit ce site unique qu'en ...1929.

Après 2km d'un chemin poussiéreux en plein soleil, on pénètre dans le Siq, le célèbre défilé (1,2 km), qui se rétrécit jusqu'à ne plus mesurer que 2 m de largeur... en hauteur, 200m !!! Le long des parois, des rigoles, taillées dans le rocher, qui amenaient l'eau autrefois.

Soudain, au moment où l'on croit que ce corridor va vous enserrer définitivement, apparaît dans un rai de lumière le monument emblématique du lieu: le Trésor.

Photos: la tombe avant le siq, le siq et l'apparition du trésor

Petra

Heureusement, il y a Petra, le top du top en Jordanie, mais tout le monde le sait, alors on n'est pas tout seul.

J'ai posé mon sac à l'hôtel Mövenpick, juste à l'entrée du site; très pratique pour une visite à pied au petit matin , mais pour la tranquillité... Jamais vu un hôtel aussi encombré ! Impossible d'avoir une place assise dans le restaurant, et même de remplir son assiette, tellement les groupes pillent le buffet avec méthode. J'ai fini par manger attablée à une table basse dans le lobby... Là au moins le garçon me repérait et m'apportait à boire !!

J'ai commis une erreur supplémentaire en retenant un guide pour la visite; c'était un dragueur de la pire espèce, pariant sur ma solitude pour que je tombe dans ses bras; m'a fatiguée (quand on est seul avec un guide faut vraiment l'écouter) et tellement énervée que je lui ai donné son congé à midi et ai continué solitaire, ce qui s'est avéré bien préférable.

Je disposais d'un jour et demi. Voici le récit de ma visite à Petra

Photo: le point de départ - peut se faire à pied ou à cheval (chemin de gauche) - 2 kilomètres avant d'atteindre l'entrée du célèbre défilé.