Après une bonne nuit, je joins Florin Halmaciu par téléphone; lui seul peut m'aider, car sa position de chef d'entreprise lui permet d'avoir des relations un peu partout, ce qui n'est pas le cas de Blondel, un jeune sans vrai travail (en fait, comme beaucoup de garçons de sa génération, il s'essaie à toutes sortes de petits trafics foireux).
Florin me prend deux rendez-vous: un avec le chef de la police d'Alba Julia, et un autre avec le directeur de l'unique usine de pare-brise en Roumanie, qui est par chance située à Medias; or je suis à Medias.
Le chef de la police ne se dérange pas, bien entendu, et c'est moi qui dois reprendre le volant pour refaire les 80 km qui me séparent d'Alba Julia; Blondel m'accompagne comme traducteur - mais il ne parle que l'anglais; vous voyez le topo. Le trajet est difficile, même en plein jour, et j'attrape un torticolis à me déhancher pour voir la route par-dessus l'impact sur le pare-brise.
Le bureau de police est un immense bâtiment à moitié vide, sale et négligé, où personne ne semble travailler, sauf une femme qui balaie nonchalamment; il faudrait quelques seaux d'eau et une bonne savonnée pour rendre tout cela un peu plus présentable.
Le chef est poli mais il me répète la même chose: la loi stipule que je dois prévoir les obstacles; c'est d'ailleurs vrai, car Florin Turcu, l'ami de Sorin, un peu plus tard, se retrouvera en prison pour avoir écrasé un ivrogne qui dormait sur la route, en pleine nuit.
Il accepte cependant de signer le constat européen d'accident que j'ai scrupuleusement rempli, petits dessins à l'appui; il sait que ça ne l'engage pas à grand-chose.
Avant de rentrer nous allons boire un verre dans un restaurant style boui-boui, particulièrement sale et délabré; Florin nous a toujours emmenés dans des restaurants de premier ordre que déjà je trouvais peu engageants... Ici c'est vraiment le taudis, mais on dirait que Blondel n'en est pas conscient. Et puis retour, et Virginie qui s'effondre de fatigue. Pendant ce temps, Laurence a visité la ville avec Corina et Nicoleta, et elle se déclare enchantée. Au moins une chose qui va.